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Diffuser les huiles essentielles à l'hôpital : usages / intérêts

 

L’intégration des huiles essentielles dans la prise en charge des patients à l'hôpital progresse en France en particulier dans les services d’oncologie, de gériatrie ou de soins palliatifs.

Cette approche de complémentarité à la thérapeutique allopathique conventionnelle suscite un engouement croissant qui repose sur des bienfaits mutuels avérés et confirmés aussi bien du côté des patients, de leurs familles que des soignants.

Réalisés dans le hall d’entrée d’un établissement, dans les pièces communes de vie ou bien dans les chambres des patients, les protocoles de soin à base d’huiles essentielles en diffusion se prêtent bien aux structures cliniques en agissant à la fois sur la sphère psycho-émotionnelle individuelle et l'assainissement de l’environnement aérien, avec une toxicité mineure par rapport à d’autres voies d’administration employées en aromathérapie.

Néanmoins, certains éléments sont à prendre en compte afin de sécuriser complètement cette pratique.

Diffuser les huiles essentielles à l'hôpital  (1)

Quels bénéfices principaux évalués à ce jour lors d’une diffusion d’huiles essentielles à l'hôpital ?

Assurément un mieux-être et vivre des patients qui se traduit par :

  • Un état de santé nettement amélioré,
  • Une meilleure qualité de sommeil et baisse de niveaux d’anxiété notamment chez des personnes sous chimiothérapie, moins de comportements agressifs,
  • Une réduction des nausées et vomissements post-opératoires ou chimio-induits, une régulation de l’appétit,
  • Des fonctions cognitives stimulées chez des malades atteints de démence (maladie d’Alzheimer…).

Du côté des soignants, on observe moins de stress et de déprime avec une influence positive sur leurs conditions de travail contribuant “in fine” à une meilleure prise en charge des patients

L’utilisation des huiles essentielles en diffusion atmosphérique s’avère aussi particulièrement utile pour participer à la lutte contre la propagation aérienne des infections nosocomiales et pour masquer les mauvaises odeurs.

 

Quelles conditions de mise en place pour une diffusion aérienne d’une synergie d’huiles essentielles à l'hôpital ?

Elaboration de protocoles de soin et formation du personnel soignant

Comme pour toute thérapeutique clinique, l’emploi hospitalier des huiles essentielles doit rentrer dans le cadre de protocoles précis, encadrés (recommandations de l’HAS, réglementation en vigueur), et sécurisés (contrôle qualité du matériel utilisé, aromavigilance).

Ces protocoles à base d’huiles essentielles visés par un référent en aromathérapie clinique doivent évidemment être soumis et faire l’objet d’une validation collégiale par un groupe pluridisciplinaire de l'hôpital où sont représentés direction des soins, pharmacie à usage intérieur et équipes soignantes de la structure. Tous ses contours seront consignés par écrit dans un livret de référence à disposition des services de l’hôpital désignés.

Dans la continuité, une formation du personnel soignant concerné sur l’intégralité des protocoles et les bonnes pratiques liées à la diffusion atmosphérique des huiles essentielles à l’hôpital par un professionnel de santé expert en aromathérapie est indispensable.

Diffuser les huiles essentielles à l'hôpital  (2)

Composition d’une synergie pour la diffusion

La synergie aromatique à élaborer privilégie des huiles essentielles à excellente tolérance, comme les huiles essentielles au profil biochimique dominé par des esters (Lavande vraie, Petit Grain bigarade, Camomille noble).

Les essences d’agrumes (Oranger doux, Mandarinier, Citronnier…) à composés monoterpéniques pouvant s’oxyder en dérivés irritants ou sensibilisants seront à envisager également mais avec mesure.

Une vigilance s’impose lors de la diffusion d'huiles essentielles riches en aldéhydes terpéniques (Litsée citronnée, Lemongrass…) qui ne dépasseront pas 20% de concentration au sein d'une synergie diffusée afin de limiter les risques d'irritations au niveau des muqueuses ophtalmiques ou oculaires.

Les huiles essentielles considérées à risques, comme les huiles essentielles riches en phénols (Origan compact, Sarriette des montagnes, Thym à thymol...) ou en aldéhydes aromatiques (Cannelle de Ceylan…)  irritantes pour les muqueuses, ou les huiles essentielles à cétones (Menthe poivrée...)  potentiellement neurotoxiques, seront à proscrire d’une façon générale (ou alors exceptionnellement acceptées à une concentration maximale de 5% dans un mélange diffusé).

Pour éviter les interactions des huiles essentielles entre elles, on limite aussi la synergie à 3 ou 4 huiles essentielles, en mixant si possible les familles biochimiques d’appartenance.

 

En cas de terrain particulièrement allergique, un test de sensibilité cutanée individuelle au niveau du pli du coude (absence de réaction après 48 heures) est conseillé pour chaque huile essentielle avant toute utilisation en mélange.

 

6 règles d’une diffusion d’huiles essentielles réussie à l'hôpital

Voici quelques bonnes pratiques visant à un emploi sécurisé d’une diffusion aromatique à l'hôpital :

  • Sélection éclairée d’huiles essentielles se prêtant à la diffusion et exemptes de risques d’irritation, de toxicité neurologique, de sensibilisation, voire d’interactions médicamenteuses éventuelles dans un contexte de polymédication (précaution de principe car risque faible en diffusion).  Une vigilance particulière sera portée aux patients insuffisants respiratoires ou asthmatiques,
  • Procédé de diffusion adapté qui ne chauffe pas les huiles essentielles au-delà de 50 degrés pour prévenir toute dénaturation des molécules volatiles des huiles essentielles en composés toxiques,
  • Modalités de diffusions discontinues, sur plusieurs séquences (de 10 à 20 minutes selon la puissance du diffuseur) réparties sur la journée (sur une durée cumulée de 1 heure maximum sur 24h) pour limiter l’accumulation des composés volatils, 
  • Ajustement de la durée de diffusion en fonction des objectifs recherchés, du type de diffuseur et du volume du lieu de diffusion,
  • Aération quotidienne de l’espace traité pour éliminer les résidus volatils des huiles essentielles et éviter leur cumul dans l’atmosphère,
  • Alternance régulière des huiles essentielles des mélanges pour diffusion pour éviter un ancrage mémoriel associant un parfum à une expérience désagréable vécue à l'hôpital.

 

Sylvain Caula, Dr en pharmacie et naturopathe, en collaboration avec APOTICARIUS®

Pour en savoir plus et développer vos compétences en aromathérapie scientifique et médicale :

 

Bibliographie

Kerr D, Hegg M, Mohebbi M. Effects of diffused essential oils for reducing stress and improving mood for clinical nurses: An interventional time series study. Nurs Forum. 2021 Apr;56(2):305-312.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33463729/

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Fearrington MA, Qualls BW, Carey MG. Essential Oils to Reduce Postoperative Nausea and Vomiting. J Perianesth Nurs. 2019 Oct;34(5):1047-1053. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31147268/

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Aromathérapie scientifique : préconisations pour la pratique clinique, l’enseignement et la recherche. Consensus d’experts (Juin 2018).  

 

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